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24 mai 2008 6 24 /05 /mai /2008 15:24


Lundi 26 mai 2008

Tout le monde aime la Tunisie...

Tout le monde aime la Tunisie. C’est comme ça. Charles Pasqua aime la Tunisie, et son fils encore plus puisque le délicat Pierre-Philippe y a vécu afin de se soustraire à une Justice française indélicate qui voulait l’entendre sur de sombres affaires de ventes d’armes. On aurait pu s’attendre d’ailleurs qu’au regard des bonnes relations entretenues entre les deux États, Pierre-Philippe soit arrêté puis extradé. Mais non, les bonnes relations entre États ne vont pas jusqu’à mettre sous les verrous un affairiste véreux. Bertrand Delanoë aime beaucoup la Tunisie également. D’abord, il y est né, ça aide… mais de là à en devenir aveugle, c’est parfois troublant… À gauche comme à droite, on aime la Tunisie, la beauté de ses paysages, les vestiges de Carthage et l’ordre qui y règne.

Le président Zine El-Abidine Ben Ali aime beaucoup la Tunisie. Il la connaît comme sa poche. Il faut dire qu’avant de succéder au vieux Bourguiba, il s’occupait de la sûreté nationale et de l’Intérieur. Cela aide à connaître et à mettre en fiche chaque Tunisien. Sa famille, ses réseaux l’aiment aussi. Car la Tunisie et sa croissance forte offrent de telles opportunités qu’il n’est plus nécessaire d’acheter du lait pour y faire son beurre.

Les Tunisiens aiment Ben-Ali. Sa popularité est tellement grande, son talent tellement immense, sons sens de l’intérêt général tellement présent qu’on s’étonne encore qu’il ne soit pas réélu à plus de 100% à chaque élection. Que voulez-vous, chaque paradis génère ses grincheux…

Nicolas Sarkozy aime la Tunisie. Il s’y est rendu dernièrement sans Rama Yade qui devait avoir d’autres chats à fouetter mais avec, dans son ombre, l’inénarrable Bernard Kouchner, le sémillant défenseur de Total en Birmanie, l’admirable défenseur des droits de l’Homme, l’incarnation du socialisme moderne, c’est-à-dire pragmatique et de droite. C’est drôle d’ailleurs que l’ami de Total se soit fait une spécialité de ramasser les boulettes de son chef. Car Nicolas, dans sa fougue, a commis une grosse boulette. Je ne parle pas ici de son plaidoyer pour le nucléaire civil, incarnation du Génie français. Non, Nicolas a expliqué qu’en Tunisie, «l’espace des libertés progresse». Ben-Ali ayant été élu avec 94% des suffrages la dernière fois contre 99% en 1999, Nicolas veut-il expliquer par là que «l’espace des libertés» a gagné 5% en une poignée d’années ? Je crains que non… Kouchner qui a fait des droits de l’Homme son outil de promotion sociale a alors corrigé le tir avec les formes qui sied à son statut de larbin. Il a donc qualifié la sortie de son chef de «maladroite», même si (car il y a toujours un «mais» qui traîne), même si, donc, par rapport aux autres pays de la région, «ça va bien mieux». Les autres pays de la région apprécieront. Le Maroc, l’Algérie, le Tchad doivent-ils se sentir visés ? La Libye de Kadhafi, reçue en grandes pompes, doit-elle se sentir offensée ? À moins qu’il n’ait voulu évoquer le Zimbabwé de Mugabe, le Cuba de Castro ou l’autoritarisme régnant au Kirghizistan ? Je sais, tout cela élargit de beaucoup la «région» évoquée par Kouchner, mais à l’heure du village planétaire, l’interprétation ne peut que gagner en liberté. Et autant se fâcher avec des gens qui ne nous achètent rien…

La nature autoritaire du régime tunisien est pourtant de notoriété publique. Pas facile d’échapper, dans les rues ou sur l’écran aux portraits de Ben-Ali. Certains rappelleront avec raison que le culte de la personnalité ne date pas de son accession au pouvoir ; il a trouvé sa pleine expression sous Habib Bourguiba, le «combattant suprême». À ce titre, Ben-Ali n’a fait que se glisser dans ces draps. Mais Bourguiba faisait reposer son omnipotence sur quelques décennies de combats contre le colonialisme et pour l’Indépendance. Ben-Ali, lui, n’est qu’un apparatchik, un militaire, un parvenu qui s’est forgé des réseaux puissants dans l’ombre de Bourguiba et qui a poussé à la retraite le vieux lutteur dont le gâtisme menaçait la stabilité du pays. Une fois au pouvoir, l’ancien chef de la sûreté n’a pas relâché la surveillance : la police est partout, les informateurs pullulent, les réseaux du parti demeurent omniprésents et incontournables. Par autoritarisme, il ne faut pas entendre seulement répression, tortures, violations des droits de l’Homme, mais tous les dispositifs mis en place qui font de la servitude volontaire la seule attitude «raisonnable» offerte par le régime au peuple tunisien [Lire à ce propos : Béatrice Hibou, La force de l’obéissance. Économie politique de la répression en Tunisie, La Découverte, 2006, 363 p.].

Le mensuel
Afrique Asie reproduit dans son numéro du mois de mai le long interview qui s’est tenu entre son journaliste, Majed Nehmé, et le président tunisien Zine El-Abidine Ben-Ali. Aussi obséquieux, doucereux et inoffensif que nos journalistes médiatiques en vogue, Majed Nehmé permet à cet ami de la France des droits de l’Homme de montrer à quel point la Tunisie est sur le bon chemin, celui du développement capitaliste et de la démocratie bourgeoise. Le titre de l’article reprend les mots même du président : «Le processus démocratique est irréversible». Tel un bon père de famille, Ben-Ali explique à quel point la Tunisie moderne a su patiemment construire le cadre nécessaire à l’instauration d’un État de droit. Il écrit ceci : «Avant 1994, aucun parti d’opposition n’était représenté au parlement. Avant 1999, aucun dirigeant de l’opposition ne pouvait se présenter aux élections présidentielles. C’est grâce aux réformes que nous avons introduites que la situation a changé. (…) Afin d’élargir la participation de l’opposition à la vie politique, nous avons annoncé récemment un projet de révision de la loi électorale qui garantira aux partis d’opposition un minimum de 25% des sièges à la chambre des députés et dans les conseils municipaux.» Il aurait pu écrire que depuis 20 ans, il s’est efforcé de maintenir l’opposition à sa place, c’est-à-dire dans les prisons, sous le coup de la répression, interdisant leurs journaux et emprisonnant leurs militants, empêchant leur libre expression. Il aurait pu écrire que son but est de favoriser l’émergence d’une opposition réduite à l’état de spectateur de sa propre satellisation politique, incapable de réellement lui tenir tête et de peser dans les choix du peuple tunisien. Il aurait pu souligner que l’ancien parti unique contrôle tout, de la police au système bancaire ; que le système Ben-Ali prend dans ses rets tous les individus, que sans l’appui de la section locale du parti, du syndicat mis au pas, point de salut individuel. La Tunisie est une prison sous le soleil dans laquelle l’autoritarisme est omniprésent.

Non, il veut mieux montrer à quel point toute la stratégie qu’il a développée depuis 20 ans n’avait qu’un but : faire en sorte que les élections présidentielles de la fin 2009 témoignent que la Tunisie est devenue une démocratie bourgeoise modèle. Il est d’ailleurs tellement sûr de l’emporter de façon écrasante qu’il a même prévu de leur accorder d’office un quota de représentation politique ! Le pire est qu’il trouvera certainement dans les élites montantes tunisiennes des personnalités pour jouer ce jeu perdu d’avance, soit par opportunisme, soit par désir d’occuper tout espace politique libéré par le régime. Ben-Ali est tranquille. La réforme constitutionnelle de 2002 lui permettra de briguer un cinquième mandat à l’âge de 74 ans. Il aura alors cinq ans de plus pour assurer sa succession. À moins qu’au nom de la lutte anti-terroriste, la «démocratisation» de la Tunisie ne soit remise aux calendes grecques. Car, dans le soutien apporté à Ben-Ali par nombre de chancelleries occidentales, la rhétorique anti-islamiste joue à plein. La Tunisie n’est pas seulement le pays où les droits de la Femme sont les plus avancés du monde arabe, où l’économie serait florissante grâce au tourisme [Le développement touristique se paie aussi en retour par la faiblesse des ressources destinées aux zones peu attractives pour le touriste occidental. C’est le cas de Gafsa (centre du pays), zone minière importante, théâtre récent de violents affrontements entre population locale et forces armées.], c’est aussi le rempart face au péril barbu. Et ce rempart-là vaut bien que l’on détourne le regard des violations continuelles des droits de l’Homme, de la corruption institutionnalisée, de la misère sociale de «ceux d’en bas»… terreau fertile duquel jaillissaient jadis les courants révolutionnaires progressistes et qui est aujourd’hui pain béni pour les militants ou groupes islamistes.

 

«Le Monde comme il va», émission no 22 - AlterNantes, 22 mai 2008
Hebdo libertaire d’actualité politique et sociale, nationale et internationale

 

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24 mai 2008 6 24 /05 /mai /2008 14:06

 

ERRIADH (île de Djerba) ENVOYÉE


SPECIALE




Ils sont venus retrouver leur "pays perdu", la Tunisie. Certains font le déplacement depuis dix, vingt, trente ans. D'autres viennent là pour la première fois. Ceux-là sont un peu plus réservés, presque intimidés. Cela ne va pas durer. D'un moment à l'autre, ils auront pris leurs marques et adopté le comportement des habitués : décontracté, familier, exubérant. Ici, c'est chez eux.

La Ghriba, c'est un peu, pour les juifs, l'antichambre de Jérusalem, un morceau de Terre sainte en territoire arabe et musulman. Trente-trois jours après la Pâque juive, l'île de

 

 

Djerba, située à 500 km au sud de Tunis, abrite chaque année un événement extraordinaire : le pèlerinage de la Ghriba. Plusieurs milliers de juifs, le plus souvent originaires d'Afrique du Nord, affluent vers cette synagogue considérée comme la plus ancienne d'Afrique. Ils arrivent de France, dans leur très grande majorité, mais aussi d'Italie, d'Espagne et même d'Israël. Officiellement, le pèlerinage ne dure que deux jours (les 22 et 23 mai, cette année). Il est marqué par une procession assez folklorique dans les rues d'Erriadh, le village qui abrite la Ghriba, autour d'une pyramide hexagonale en argent, la Menara, sur laquelle sont inscrits les noms des douze tribus d'Israël et des rabbins renommés de Tunisie. Dans les faits, le pèlerinage s'étale sur une semaine.

"Ça fait quatre fois que je viens là. Faut être honnête : je viens autant pour les vacances que pour la Ghriba !", avoue Joyce en riant. Cette mère de quatre enfants est venue avec Chantal, sa meilleure amie. L'une et l'autre saisissent chaque fois l'occasion de prendre une semaine de repos "entre copines", bronzer et se baigner, tout en se ressourçant. Tunis, où elles sont nées, comme leurs parents et grands-parents, n'a jamais cessé de leur manquer. "Et puis, on connaît les pouvoirs de la Ghriba. Alors on vient faire des voeux pour la famille", ajoute Joyce, l'air entendu.

Tous le disent : "La Ghriba, on y croit fermement !" Deux légendes circulent quant aux origines de ce haut lieu du judaïsme, qui a des allures de Lourdes. Une femme, arrivée de nulle part - d'où son nom, la Ghriba ("l'étrangère") -, aurait vécu ici en solitaire. Une nuit, sa cabane prit feu. Découvrant le lendemain son corps intact sous les cendres, les habitants comprirent qu'ils avaient côtoyé une sainte, non une sorcière, et construisirent un sanctuaire à sa mémoire. L'autre légende veut que des juifs, fuyant la destruction du temple de Jérusalem par le Babylonien Nabuchodonosor, en 565 avant l'ère chrétienne, se soient réfugiés sur l'île aux Lotophages chantée par Homère dans L'Odyssée. Ils y bâtirent une synagogue avec une porte du temple qu'ils avaient emportée dans leur fuite.

Quoi qu'il en soit, la Ghriba est supposée faire des miracles. Des cancéreux y obtiennent des guérisons inespérées. Des femmes stériles se retrouvent enceintes juste après être passées par là, ou après avoir chargé un parent d'allumer une bougie à leur intention, à la synagogue, ou d'y déposer un oeuf. Des célibataires endurcis rencontrent leur conjoint dans l'année. Mais le premier des miracles de la Ghriba, c'est qu'"elle nous appelle chaque année ! Elle nous tient !", affirment en choeur Lucien, Roland et Emmanuelle.

Ces trois sexagénaires nés à Tunis, Sousse et Sfax, et partis en France au début des années 1960, quand ils ont senti qu'ils étaient "devenus indésirables", rêvent, l'année durant, de cette semaine dans leur pays natal. "Vous allez me prendre pour un fou, mais je ne peux pas m'en passer !", dit Lucien. Il y a douze ans, Emmanuelle a même organisé ici la bar-mitsva (communion) de son fils. "On a affrété un avion. J'ai fait venir 180 personnes !", se souvient-elle, ravie, avant de préciser : "Ici, on se sent en sécurité. C'est pour cela qu'on vient. Et on aime le régime Ben Ali !"

La reconnaissance des pèlerins envers le président tunisien est sans limites. "C'est un exploit d'organiser un pèlerinage aussi important dans un pays arabe ! Je crois que ça ne peut se faire qu'en Tunisie, terre de tolérance, où la liberté de culte est admise !", souligne René Trabelsi, l'un des principaux organisateurs depuis la France de ce rassemblement. Ce voyagiste d'une quarantaine d'années, fils du chef de la communauté juive de Djerba, Perez Trabelsi, fait venir pas moins de 1 000 pèlerins dans un grand hôtel de Djerba. Pour 700 euros, il leur offre le grand jeu : nourriture casher, concerts de vedettes israéliennes invitées pour l'occasion, soirées casino, excursions à Gabès et dans les souks, etc.

C'est tout juste si la thalassothérapie n'est pas incluse dans le forfait. Entre la mer, la piscine et le shopping dans les bijouteries d'Houmt Souk, les pèlerins vacanciers avouent baigner dans un bonheur quasi absolu.

Tout cela, disent-ils, "on le doit à Ben Ali !". D'un bout à l'autre de la semaine, le président tunisien est loué. "Ya ya, Ben Ali ! Il a instauré la démocratie !", s'exclament à chaque occasion les orateurs et animateurs de cette semaine hors du temps et de l'espace, sous les applaudissements. "Démocrate, Ben Ali ? Pour nous, les juifs, oui ! Pour les Tunisiens, non !", ose un jour faiblement protester une femme. Mais le sentiment d'être bienvenu en Tunisie et de ne pas courir de risques - tant les mesures de sécurité déployées sont importantes - balaye toute autre considération.

Personne n'a oublié l'attentat-suicide du 11 avril 2002. Ce jour-là, un kamikaze tunisien fait sauter sa voiture à proximité de la synagogue. Vingt-deux touristes, dont quatorze Allemands, trouvent la mort dans cette explosion revendiquée par Al-Qaida. Voilà deux ans seulement que les pèlerins juifs osent reprendre le chemin de la Ghriba. Le cru 2008 s'est élevé à plus de 5 000 personnes, selon les organisateurs. Perez Trabelsi rêve de revenir au record : 8 000 pèlerins en 2000. Mais le baromètre de la Ghriba, c'est la situation au Proche-Orient. De l'actualité dans cette région du monde dépend la participation au pèlerinage. Des gestes politiques de l'un ou de l'autre, aussi. Le simple fait que Nicolas Sarkozy ait emmené avec lui, en voyage officiel en Tunisie, il y a un mois, le grand rabbin de France, Joseph Sitruk, et que le président Ben Ali l'ait salué publiquement, a donné un coup de fouet à la manifestation de cette année. "Nous sommes tributaires du climat !", soupire Perez Trabelsi, assis dans son bureau de la Ghriba, en sarouel marron, kippa sur la tête. Y aura-t-il un jour des liaisons aériennes directes entre Tel-Aviv et Tunis ? Le chef de la communauté juive de Djerba croise les doigts. "Dans ce cas, nous dépasserions les 25 000 pèlerins !", assure-t-il.

C'est la première fois que Yoram et Shlomo, habitants de Beersheva, en Israël, se rendent à Djerba. La venue de ces deux frères d'une trentaine d'années a été un peu compliquée, la Tunisie et Israël n'entretenant pas de relations diplomatiques. Eux, qui ne parlent qu'hébreu, ont dû passer par Amman, la capitale jordanienne, d'où ils ont pris un vol pour Tunis. "Nous accomplissons aujourd'hui un vieux rêve, en même temps que nous retrouvons notre identité de base. Notre père était originaire de Djerba. Jusqu'à sa mort, il nous a raconté, chaque vendredi soir, au début du shabbat, ses souvenirs d'enfance. Il fallait que nous venions voir cela", racontent-ils, émus.

Osent-ils s'aventurer dans les rues d'Houmt Souk, la petite capitale de l'île ? "On le fait, mais avec un peu d'appréhension. Et nous n'avons rencontré d'hostilité qu'une fois, quand les gens ont compris qui nous étions, mais rien de grave", racontent-ils. Maintenant qu'il a comblé son rêve, Yoram ne compte plus quitter Israël, "le plus beau pays du monde". Shlomo, lui, a l'intention de revenir, et sans tarder. L'an prochain, à Djerba...

Florence Beaugé
Article paru dans l'édition du 25.05.08.
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19 mai 2008 1 19 /05 /mai /2008 23:53
Développement global et durable: Prospérité et solidarité pour tous
(La Presse 19/05/2008)


L’anticipation et la prospection sont le vecteur principal de la vision qui guide, depuis le Changement, la Tunisie pour modeler des réponses appropriées aux attentes et aspirations de son peuple en termes de progrès social, de développement économique, de promotion des libertés et de préservation de l’invulnérabilité de la nation.

En optant, dès l’aube du Changement, pour un développement global, durable et équitable, le Président Ben Ali a permis à la Tunisie d’éviter les écarts et les fossés qui ne cessent de s’élargir au sein même des nations les plus développées.

C’est pourquoi les actions prioritaires engagées par la Tunisie se sont orientées, dès les années 90, à combattre la pauvreté, la marginalisation et l’exclusion afin de promouvoir le bien-être dans les zones d’ombre et pour garantir la dignité pour tous.

Car la dignité des nations est intimement liée à celle de leurs citoyens. Les inégalités sociales sont, en effet, source de menace sérieuse pour la stabilité des Etats et de leur invulnérabilité.

Conscient que l’Homme, sa promotion et son épanouissement constituent la finalité de toute œuvre de civilisation, le Président Ben Ali a, dès l’avènement du 7 novembre 1987, placé l’amélioration des conditions de vie des citoyens, leur bien-être et la qualité de leur vie au centre de toute action de développement en Tunisie.

C’est que le développement dans notre pays est un tout indissociable, une œuvre cohérente et globale qui s’inscrit dans la durée et dont toutes les composantes sont solidaires et interdépendantes et où toutes les dimensions économique, politique et sociale évoluent de manière concomitante. Grâce à un leadership politique d’une grande sagesse, la Tunisie s’est engagée à se forger les moyens d’une action inlassable pour assurer une participation citoyenne à une œuvre de progrès authentique fondée sur la bonne gouvernance, la responsabilité collective, l’exploitation judicieuse des potentialités, la promotion des ressources humaines et une approche prospective, toujours au rendez-vous des mutations et évolutions de notre monde.

En ordonnant d’organiser une conférence nationale sur l’énergie dès l’été 2004, le Président Ben Ali a pris, encore une fois, les devants de l’actualité pour parer à un défi qui est en train d’hypothéquer le développement, notamment des pays émergents.

De même, en mobilisant les Tunisiens, dès les années 90, à garantir leur sécurité alimentaire, le Chef de l’Etat, qui ne cesse de prendre des décisions pionnières au profit de l’agriculture tunisienne, a permis à notre pays d’anticiper la crise alimentaire qui secoue actuellement l’humanité et notamment les peuples du Sud.

Face à une conjoncture internationale marquée par une flambée sans précédent des cours des hydrocarbures et des produits de base et face à une mondialisation galopante où la marginalisation, la précarité et les fractures sociales s’amplifient et s’approfondissent, la Tunisie continue sa marche ascendante vers davantage de progrès pour tous, de prospérité partagée, de modernité assumée et de liberté garantie et concrète. La priorité absolue accordée à l’emploi, l’école pour tous, l’investissement dans le savoir et la formation, le développement d’une économie de plus en plus intégrée dans ses espaces tant proches que lointains, constituent autant d’indicateurs des choix judicieux pour lesquels notre pays a opté pour construire sur des bases solides son modèle de développement.

Malgré ses ressources naturelles modestes, la Tunisie a augmenté de manière régulière, pendant 18 ans, les salaires de ses travailleurs qui négocient actuellement un nouveau round social, lequel permettra au monde du travail de bénéficier de nouvelles augmentations salariales pendant les trois prochaines années.

Outre son bilan le plus brillant de la région du Sud de la Méditerranée, notre pays affiche une paix sociale qui fait exception dans son environnement régional et mondial.

C’est que, pour Président Ben Ali, gouverner, c’est certes prévoir mais aussi et surtout mettre le développement au service de l’Homme. La politique de proximité et le suivi personnel par le Chef de l’Etat de tous les dossiers du développement, et notamment des régions défavorisées, illustrent de manière éloquente toute la place qu’accorde le Président Ben Ali à l’amélioration des conditions de vie des citoyens et à leur mieux-être. Toujours proche de la vie des citoyens, le Chef de l’Etat, homme pour qui la politique est de se dévouer à son peuple, de l’éduquer, de lui offrir les meilleures conditions pour vivre, pour travailler et pour entreprendre, a fait de la solidarité le socle solide de l’œuvre de développement en Tunisie.

Alors qu’un peu partout dans le monde, les salaires et les droits sociaux des travailleurs sont revus à la baisse à cause d’une conjoncture internationale caractérisée par des crises énergétique, alimentaire, financière, sociale, politique et identitaire, notre pays continue d’œuvre afin de préserver et de conforter ses acquis sociaux qui font aujourd’hui la fierté de toute la nation.

Le développement est ainsi en Tunisie, depuis le Changement, l’œuvre de tous au profit de tous.

Au-delà de ses aspects moraux, la solidarité en Tunisie est une valeur qui cimente les Tunisiens et leur unité et qui fait leur force et leur exception.

C’est pour cette raison que tous les Tunisiens sont appelés à faire preuve de davantage d’effort et de labeur pour rationaliser leur consommation et pour adopter de nouvelles conduites en vue de relever les défis d’une conjoncture qui s’installe désormais dans la durée.

L’histoire ne cesse de nous enseigner que les peuples sont capables de relever tous les défis et de faire jaillir les plus grandes civilisations à condition de compter sur leurs propres potentialités et d’être solidaires pour tout partager, aussi bien la prospérité que le sacrifice. Et c’est là où réside le projet de civilisation initié par le Président Ben Ali qui a, dès l’aube du Changement, parié sur la maturité des Tunisiens pour forger leur destin par le travail et la solidarité.



Mouldi M’BAREK

© Copyright La Presse

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19 mai 2008 1 19 /05 /mai /2008 23:46

De l'auto-absolution la plus caricaturale en matière de droits de l'homme à un exercice d'autocritique encourageant. C'est, à ce stade, ce qui ressort de l'Examen périodique universel (EPU), sorte de grand oral auquel se sont soumis, lors de deux sessions, du 7 au 18 avril, puis du 5 au 19 mai, trente-deux pays à Genève.

Mécanisme phare du Conseil des droits de l'homme, l'EPU doit passer au crible les atteintes aux droits de l'homme dans 192 Etats membres de l'ONU, tous les quatre ans, et déboucher sur des améliorations. Du jamais-vu dans le fonctionnement onusien.

Voilà pour la théorie. La pratique, elle, s'est dessinée à Genève. Deux pays ont été examinés chaque jour lors d'une séance de trois heures, dont un "dialogue interactif" durant lequel l'Etat répond aux questions d'autres Etats. Des rapports contenant des recommandations seront adoptés en juin.

Jeudi 15 mai, alors que la Roumanie et le Mali clôturaient l'exercice, une certaine lassitude flottait. "La plus grande menace, c'est que l'Examen périodique universel devienne un pensum bureaucratique de plus, sans aucune valeur politique ajoutée", mettait en garde Blaise Godet, l'ambassadeur suisse. "Quand l'EPU commence, c'est un mélange de marchandage politique et de cirque, avec de temps en temps des recommandations pertinentes. Si les Etats peuvent les refuser, cela aura été une perte de temps", estime Simia Ahmadi, de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH).

La Tunisie avait démontré, le 8 avril, que l'exercice pouvait tourner à la farce. Le débat avait donné lieu à un concert de louanges venant de pays "amis" et aux questions édulcorées des Occidentaux. "Nous avons l'impression qu'il s'agit d'un autre pays", commentait Sihem Bensedrine, du Conseil national des libertés tunisiennes.

"ARROSEUR ARROSÉ"

Ce scénario s'est reproduit avec Bahreïn, l'Algérie et le Pakistan, qui a été salué par les pays islamiques, la Russie et la Chine pour ses efforts en matière de démocratisation. Ces mêmes pays ont adressé, à la mi-avril, un feu de questions au Royaume-Uni sur la détention des prisonniers en Irak, les lois antiterroristes, la torture et l'emprisonnement des enfants. La Suisse a été ensuite épinglée, en matière de xénophobie. "On peut rire du fait que les pays qui violent les droits de l'homme se montrent aussi pointilleux. Mais finalement, leurs concitoyens pourraient leur retourner la question. C'est l'arroseur arrosé", estime un diplomate occidental.

Mais les débats ont souvent ronronné. Le 14 mai, la France, qui n'avait pas jugé utile d'envoyer à la tête de sa délégation Rama Yade, la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, était interrogée sur le traitement des minorités, la surpopulation carcérale, l'interdiction du port du voile islamique à l'école. Aucune question en revanche sur sa politique migratoire de la part des pays "amis" du Sud. L'Algérie et la Tunisie, qui avaient été ménagées par la France, se sont abstenues.

Agathe Duparc
Article paru dans l'édition du 20.05.08.
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19 mai 2008 1 19 /05 /mai /2008 23:41

Deux neveux par alliance du président Zine El Abidine Ben Ali ont été mis en examen vendredi pour « complicité de vol en bande organisée ». Soupçonnés du vol de trois yachts en France, les frères Trabelsi vont devoir répondre devant la justice française pour un présumé trafic de bateaux de luxe. Encore faudra t-il une totale coopération de Tunis dans cette affaire.

Parfois, les désagréments de la famille font tâche d’huile et le président tunisien aurait bien aimé se passer de cette affaire. Une fois de plus, la belle famille de Zine El Abidine Ben Ali est pointée du doigt. Imad et Moez Trabelsi, deux neveux de Leila Trabelsi, ont été mis en examen vendredi pour avoir commandité le vol d’un yacht durant la nuit du 5 mai 2006. Manque de pot, celui-ci appartient au PDG de la banque d’affaire Lazard Frères à Bonifacio (Corse-du-Sud), lui-même proche de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy (alors ministre français de l’Intérieur).

Un joujou nommé désir

Pas question de le laisser dans la nature : le yacht vaut tout de même la bagatelle de 1,5 million d’euros. La compagnie d’assurance du bateau se lance donc à sa recherche. Le patron, Bruno Roger, retrouve quelques jours plus tard son précieux bijou - repeint entre temps – au port de Sidi-Bou-Saïd (près de Tunis). Un enquêteur y est dépêché sur place et découvre, non sans étonnement, que le yacht est enregistré dans ce port sous le nom d’Imad Trabelsi. Appréhendé, le voleur avoue, sous la pression, le vol de deux autres yachts en Côte d’Azur (sud de la France) en décembre 2005 et janvier 2006… dont l’un était « commandé » par Moez Trabelsi, le frère d’Imad. Grâce à l’intervention du président français de l’époque, M. Roger voit son bateau restituer le 26 mai 2006. Non sans mal. Imad Trabelsi aimait passionnément « son » yacht qu’il adorait exhiber. Les charges ne sont pas abandonnées pour autant. Mais il a faut attendre deux ans avant de voir l’affaire resurgir.

La justice française ne les lâchera pas… sauf intervention de l’Elysée

En mai 2007, deux mandats d’arrêt internationaux ont été délivrés par le juge d’instruction du tribunal d’Ajaccio (Corse), Jean-Bastien Risson. Après des mois de tractations avec les autorités tunisiennes et quelques obstacles de l’Elysée, la tenacité de M. Risson a finalement payé. Un magistrat tunisien a finalement décidé de les inculper pour « complicité de vol en bande organisée ». Avec le procureur de la République d’Ajaccio José Thorel, M. Risson s’est donc rendu jeudi à Tunis où six autres personnes ont été entendues en tant que témoins dans cette affaire. M. Thorel a indiqué que « les frères Trabelsi devraient répondre prochainement à une convocation de la justice française ». Cependant, il a démenti toute tension diplomatique entre la France et la Tunisie. « S’il y avait eu des différends diplomatiques, la commission rogatoire n’aurait pas été exécutée par le juge d’instruction tunisien et nous n’aurions pas assisté aux auditions ainsi qu’aux perquisitions », a-t-il déclaré.

France-Tunisie : de bons amis qui font de bons comptes

Ce n’est pas la première fois que la famille du président tunisien trempe dans des affaires douteuses. Le frère ainé du président, Moncef Ben Ali, avait été condamné par contumace à Paris en 1992 à 10 ans de prison pour son appartenance à la « Couscous connection », un réseau de trafic de drogue. Il est décédé depuis 1996 sans avoir purgé sa peine. Ce n’est pas non plus une première pour Imad Trabelsi. Accusé de recel, il aurait commandité le vol, en 2005, d’une BMW à un ancien joueur de l’Olympique de Marseille, avant d’être contraint de la restituer contre un abandon des poursuites. Cependant, les relations franco-tunisiennes sont excellentes surtout depuis la récente visite de M. Sarkozy en Tunisie. Pour ne pas se froisser l’un l’autre, les deux pays se voient « contraints » de traiter ces affaires discrètement et « entre amis ». La suite au prochain épisode.

Hanan Ben Rhouma

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19 mai 2008 1 19 /05 /mai /2008 23:35










ZERO SIX (06) ou la Force contre le Droit
Omar Mestiri et Sihem Bensedrine
14 mai 2008
Le 3 mars 2008 - 06.00 H
Une sirène retentit et le commandement annonce notre entrée dans les eaux territoriales tunisiennes ; la côte est déjà là, à portée de vue ; tout le monde se précipite sur le pont du Splendid, pour assister à l’accostage ; c’est un ferry italien, sur lequel nous venons d’effectuer la traversée depuis Gênes, la capitale de la Ligurie, sur la côte méditerranéenne de l’Italie, réputée pour sa beauté et où Hannibal, le Général carthaginois installa ses quartiers d’hiver avant de marcher sur Rome;
Nous nous faisons servir, notre thé vert sur la terrasse du pont où nous nous installons pour mieux goûter ce moment magique ;
Le bateau avance au ralenti vers les côtes tunisiennes ; le soleil est déjà haut à l’horizon et éclaire la mer d’un bleu turquoise profond qu’une écume blanche borde délicatement pour mieux délimiter le sillage du ferry ;
Tunis, sereine, s’offre au regard sur toute la largeur de l’horizon ; sa beauté nous saisit et un mélange de fierté et d’amour nous envahit ; qu’il fait bon de rentrer chez soi et comme notre pays est beau !
La colline boisée de Gammarth défile en premier et se prolonge vers La Marsa, coquette résidence au charme éternel où les Beys de Tunis avaient établi leurs quartiers d’été; puis Sidi Bou Saïd apparaît dans toute sa splendeur, avec ses falaises rouges où s’accrochent les maisons blanches et bleues et se termine par le port de plaisance; une protubérance pointe sa démesure au niveau de ce que nous devinons comme le café des nattes ; probablement le nouveau palais du nouveau gendre ;
Nous longeons Carthage, les Thermes d’Antonin et le palais présidentiel, puis la colline de Byrsa, avant d’arriver à Salammbô, la cité punique célébrée par Gustave Flaubert ; Au niveau du Kram, se dresse un énorme bâtiment en béton gris qui barre la vue, rompant l’harmonie architecturale des lieux ; nous suspectons un «cadeau» à la famille du Président qui a tous les droits, y compris celui d’enlaidir le paysage !
Le ferry longe la chaussée romaine et s’engage enfin dans le port de La Goulette ; Nous sommes arrivés ! Tunis habillée d’un printemps précoce nous parait singulièrement belle en ce jour de début mars. Nous foulons le sol avec un sentiment de réappropriation ;
Sur les docks, un groupe d’hommes attend en faisant les cents pas, à proximité du ferry ; nous sommes à mille lieues d’imaginer qu’il s’agissait de notre comité d’accueil !

08.15 H
Nous sortons parmi les premiers passagers, peu nombreux en cette basse saison ; et nous sommes déjà devant le filtre de police ;
Le policier souriant et courtois nous souhaite la bienvenue, prends nos passeports et entre nos données dans son ordinateur ; son visage se crispe soudain et ses yeux font des allers retours entre son PC et nos visages qu’il a dû trouver engageants au départ ;
Omar rétorque « Zero Six ?» ; un sourire s’affiche sur son visage, il hoche la tête positivement ; Omar enchaîne « nous sommes habitués ! » ; 06 est une nomenclature policière qui signifie en substance « personne suspecte, faire procéder à une fouille très poussée » ; En principe, cette mesure exceptionnelle, se déclenche sur la foi de renseignements concernant une personne soupçonnée de faire passer des produits en infraction à la réglementation des douanes ; son efficacité dépend avant tout de l’effet de surprise sur la personne ciblée. Depuis quelques années la « créativité » des agents de Ben Ali en a fait une disposition servant à brimer les dissidents. D’exceptionnelle, cette fouille deviendra pour eux systématique et routinière ; son objet n’est plus de dénicher un produit prohibé, mais de leur faire subir un lot supplémentaire de vexations, allant parfois jusqu’à l’humiliation de la fouille corporelle. Nous nous attendions bien évidemment à cette fouille méticuleuse qui cible nos livres, nos documents et qui est notre lot à chaque fois que nous rentrons ou que nous sortons du territoire ; Un agent en civil s’approche du filtre, prends nos passeports, nous demande de sortir de la file et d’attendre dans un lieu à l’écart des voyageurs ;Au bout de vingt minutes, le civil revient accompagné d’un agent de visite des douanes qui nous demande courtoisement de déballer tous nos bagages sur une table longue de cinq mètres et s’attelle à la tâche avec une minutie exemplaire ; on respecte les formes !

09.00H
En arrière plan, les civils supervisant très indiscrètement les opérations, deviennent de plus en plus nombreux ; comme à chaque fois en pareilles occasions, des joutes à distances nous opposent et les rôles, paradoxalement, s’inversent : nous essayons d’en savoir un peu plus sur leur fonctionnement ; mieux connaître les services impliqués, dévisager les présents… Au cours de ce manège, les chefs restent, la plupart du temps, à une distance sécurisante de notre regard. Il faut reconnaître que cela provoque chez eux quelques frayeurs depuis ce fameux 15 mars 2000, lorsque notre organisation, le CNLT, a rendu publique une liste de tortionnaires.

09.30 H
L’agent méticuleux a rapidement terminé de passer au peigne fin la voiture puis nos maigres bagages, les sacs à dos où se trouvent nos Laptops ainsi que le sac à main de Sihem ; il a disposé sur la table d’un côté les effets personnels et à l’autre bout, les livres, les CD-rom, les DVD et trois boites d’archives en plastique transparent où se trouvent nos documents de travail ; Comme Omar relevait ironiquement son intérêt prononcé pour la culture qui commandait au tri, le douanier rétorqua en niant avoir un quelconque niveau culturel… cette modestie affichée ne résista pas plus de quelques minutes, quand sa vigilance faussement endormie dénicha un vieux journal plié parmi quelques magazines : « eh, mais c’est ″l’enchaîné″ [le Canard enchaîné], ça !».
Puis il entreprit de transporter par, petits paquets, nos documents dans leurs bureaux, situés à l’autre extrémité du hangar.
Pensant naïvement que l’heure de notre soulagement était arrivée, nous renoncions à protester comme nous le faisions habituellement ; on a dû vite déchanter, le calvaire ne faisait que commencer !
Au bout de vingt minutes, le douanier ne réapparaissant pas, Omar se rendit au bureau des douanes, histoire de voir de quoi il retournait ; à sa surprise, il y trouva quatre gars de la police politique cravatés, accroupis, en train de compulser nos documents, tandis que deux douaniers galonnés se tenaient en retrait. Furieux, il apostropha ces derniers : « voilà que vous vous prêtez à l’instrumentalisation par la police politique ! Mais pourquoi diable ne les laissez-vous pas s’adresser directement à nous et assumer seuls leur ″sale boulot″». Cette irruption décontenança les flics ; le plus gradé des deux douaniers présents intervint gentiment pour calmer Omar et l’invita à en discuter avec lui dehors pour éviter l’escalade.

10.30 H
L’agent qui s’était chargé de notre fouille revient vers nous « ils veulent inspecter le contenu de vos deux Laptops ainsi que vos flash-disks » nous déclare-t-il ; nous lui expliquons que ce n’est pas le job de la douane, mais de la justice et déclarons que nous refusons de les donner sans mandat légal; trois inspecteurs s’approchent de nous et nous expliquent que nous devons nous soumettre à cette injonction ; Nous leur demandons de nous expliquer ce qu’ils recherchent et s’ils ont un mandat du Procureur de la république pour cela, comme l’exige la loi ; ils répondent que non et qu’il s’agit d’une procédure de routine ! Nous protestons en soulignant le caractère illégal de la mesure et répliquons :
« pourquoi les autres passagers n’ont pas été soumis à cette mesure de routine? Le rôle de la douane n’est pas de contrôler les idées, mais les marchandises !». « La réglementation n’est pas un simple habillage juridique à l’arbitraire. Vous êtes investis de vastes prérogatives, encore faudrait-il justifier que vous agissez au bénéfice de la collectivité. De quoi sommes-nous suspectés ? quel est l’objet de votre recherche ? » ; « il se trouve que nous sommes des journalistes qui enquêtons sur les affaires de corruption auxquelles sont mêlés les proches du pouvoir et sur les crimes commis par la corporation à laquelle appartiennent justement ces messieurs qui veulent vous utiliser pour accéder à nos données ; Il y a des correspondances avec nos collègues, des courriers avec nos avocats. Des documents remis par des citoyens en toute confiance. Tout cela est strictement confidentiel. Bien qu’investies de l’autorité publique ces agents ne doivent pas avoir latitude à accéder à nos données ! Nous sommes surpris par toute cette mobilisation douanière. N’y a-t-il rien de plus indiqué pour vos services que de vous acharner sur les données des journalistes… on aurait préféré voir cette rigueur à l’œuvre contre les trafics des Trabelsi et consorts, comme lorsqu’ils introduisirent sur le territoire national les bateaux volés par exemple!»
Les douaniers n’en menaient pas large. La plupart paraissaient très affectés par cette affaire et ont gardé un petit profil tout au long de cette journée.

11H00
Les docks se sont brusquement vidés ; les douaniers effectuaient les dernières fouilles avec une célérité remarquable. Même les cargaisons qui posaient problème étaient libérées. Ce jour-là était une aubaine pour tous les petits trabendistes.
Le chef douanier revint encore une fois à la charge au sujet des nos Laptops. On lui expliqua encore une fois notre refus catégorique de nous soumettre de notre plein gré à ce que nous considérons comme une démarche illégale : « Il y a deux moyens que cela se fasse ; soit vous produisez un mandat émis par une autorité judiciaire et indiquant clairement l’objet de cette fouille, soit vous nous passez sur le corps !» lui rétorque Omar.
En se rendant aux toilettes, derrière le bâtiment en dur où sont installés les bureaux de la douane, Sihem découvre le « comité d’accueil » que nous avions vu s’impatienter sur les docks, assis autour d’une grande table et affairé à examiner nos livres et documents.
Lorsque Omar va à son tour aux toilettes, il découvre que le groupe s’est encore agrandi et s’est équipé de matériel informatique, occupé à scanner nos carnets de notes personnels, nos carnets d’adresses et autres documents; ils sont au moins une trentaine en civil, qui assis autour de la table, qui debout, tournant avec impatience autour de leurs collègues ; nous pressentons un mauvais augure ;
Un douanier demanda ensuite à Omar de se rendre au bureau pour effectuer les formalités requises pour la voiture. Une fois à l’intérieur, deux agents lui expliquèrent qu’il lui était demandé de se laisser fouiller au corps. Alors qu’il affirmait son opposition à la procédure, l’agent dénicheur-de-vieux-exemplaires du-canard enchaîné, tenta de garder contenance en avançant qu’il ne faisait que son devoir : « protéger l’économie tunisienne ». Ils n’insistèrent pas davantage.

11.30 H
Un commandant de la douane cachant son regard sous d’épaisses lunettes noires vient vers nous et nous demande de le suivre au bureau pour signer des papiers ; nous le suivons, en toute confiance ; nous traversons un premier bureau qui ouvre sur un deuxième, il nous invite à l’y suivre ;
Plusieurs hommes en civil s’engouffrent nerveusement derrière nous dans l’étroit bureau ; nous reconnaissons l’équipe des services de sécurité ; Ils referment sur nous la porte et la cadenassent ; à peine avons-nous eu le temps de protester et de demander des explications sur leur qualité et la justification de leur présence en ce lieu, qu’ils sautent sur nous en nous brutalisant sans mot dire; les coups pleuvent et en quelques secondes nous sommes déjà à terre, nos vêtements et nos sacs déchirés ; ils arrachent les deux ordinateurs portables de nos sacs à dos déchirés et le sac à main de Sihem qu’ils emportent et sortent du bureau ; certains d’entre eux restent pour nous surveiller ; Sihem tente d’appeler notre avocat et ami de toujours, maître Ayadi pour l’alerter, l’un des barbouzes lui saute dessus et lui tord le bras gauche qui tient le téléphone en l’arrachant ; elle hurle de douleur ; plus tard, les médecins constateront une double entorse du coude et du poignet et de nombreux hématomes sur tout le corps ;
Ils semblaient agir avec ressentiment ; Ils aurait pu prendre le mobile sans avoir besoin de lui faire cette double distorsion ; deux autres policiers sautent sur Omar au même moment et lui arrachent son cellulaire pour nous empêcher de communiquer avec l’extérieur;
Un des chefs, petit de taille, essaye d’engager la conversation : « personne ne vous a brutalisé », ses agents font de même. Nous rétorquons : De toute façon on ne vous loupera pas. On vous traînera devant les tribunaux ; Omar se tourne vers le chef et lui demande son nom ; il refuse, « tu n’as pas de cran. Ce refus est la preuve formelle que tu commets sciemment des actes délictueux au nom de l’Etat ; sinon tu n’aurais aucune gêne à décliner ton identité ».
Au bout d’un moment, nous demandons si nous sommes en état d’arrestation ; les douaniers s’en défendent ; nous en profitons pour tourner la serrure et sortir dans la cour ; l’un des barbouzes tente de nous en empêcher, mais son chef l’arrête et lui demande de nous surveiller dans la cour. Aucune explication ne nous a été donnée durant tout cet épisode.

13.30 H
Nous attendons sous le hangar que notre sort soit enfin scellé ; le port de la Goulette est maintenant vide de tout passager ; nous sommes seuls avec nos geôliers improvisés ; de l’autre côté du bâtiment qui abrite les bureaux de la douane, les agents de la police politique sont occupés à transférer le contenu de nos ordinateurs sur leur disque dur; nous éprouvons un grand sentiment d’humiliation et de colère face à ce déballage public de nos données personnelles ; C’est comme si nous n’avions plus aucune intimité !
Puis, le même gros commandant aux lunettes noires revient vers nous ; « je dois vous soumettre à une fouille corporelle, maintenant !» nous protestons et lui disons que nous ne comptons pas remettre les pieds dans son bureau où nous avons été battus et où la loi a été bafouée avec son assentiment et que nous refusons de nous soumettre à aucune formalité abusive ; « vous ne sortirez pas du port sans avoir subi cette fouille » nous crie-t-il ! « Au point où vous en êtes, utilisez la violence également pour obtenir ce que vous voulez - rétorque Omar - vous lui avez cassé un bras, achevez l’autre » ; Le douanier s’écarte et nous voyons arriver à nouveau les gros bras qui nous ont frappés au bureau ; ils sont au moins une quinzaine à nous entourer, nous menaçant d’utiliser la violence si nous n’obtempérons pas ; nous restons de marbre ; un groupe s’approche de Omar, le prend de force et le traine vers les bureaux pour la fouille; quatre femmes de la douane encerclent Sihem ; elles lui demandent de les suivre gentiment et promettent de faire une fouille formelle ; « il faut que vous compreniez que je n’ai rien à cacher et qu’il s’agit d’une question de principe ; je ne vous aiderais pas à violer mes droit; si vous voulez enfreindre la loi, faites-le sans moi ! » leur dit-elle; finalement elles se résignent à lui faire une fouille sur place au hangar, formant un cercle autour d’elle, glissant leurs huit mains sous ses vêtements et sortant de sa poche son flash-disk. Heureuses du butin, elles courent apporter à la police ce qu’elles ont trouvé.
Piteuse scène que celle du délabrement de nos institutions où des douaniers au profil bas sont contraints de faire le travail de la police politique ! Nous constatons encore une fois qu’il n’y a aucune limite au dévoiement de nos institutions !

14.30 H
Ils ont l’air d’avoir décidé de terminer leur travail ailleurs ;ils remballent tous les documents numériques en exemplaires uniques (une soixantaine de DVD, dont « I have a dream » de Martín Luther King, des CD-rom contenant des archives personnelles, des coffrets de musique classique et de variétés, des cassettes de musique audio…etc.), ils ont également confisqué plusieurs versions ainsi que les roughs du documentaire réalisé par le CNLT sur la torture « Briser l’engrenage de la Torture».
Ils nous informent qu’ils vont les garder « pour visionnage » et nous remettent nos laptops ; nous exigeons nos téléphones portables, ils nous répondent que nous pouvons les récupérer à la sortie ; Nous réclamons le récépissé qui dresse la liste des biens confisqués, comme ils le font d’habitude lorsqu’ils confisquent les documents ; Nous en conservons encore toute une liasse notifiant le retrait « provisoire » de nos livres et documents, qui rempliraient les étagères d’une bibliothèque ; jamais restitués évidemment ! ;
Ils tentent une manœuvre dilatoire en nous indiquant une autre administration lointaine qui serait chargée de nous le délivrer ; nous devinons la manœuvre et les informons que nous ne quitterons pas les lieux sans le récépissé qu’ils doivent nous délivrer puisque ce sont eux qui ont procédé à la confiscation, sinon nous le considérons comme un vol.
Ils demandent à Sihem de les suivre au bureau pour le prendre et à Omar d’aller signer un dernier papier dans un autre bureau ; nous les suivons ; bien entendu ils nous ne donnent rien, mais en revenant sous le hangar, nous découvrons que notre voiture a disparu ; les flics sont hilares et nous disent qu’ils l’ont conduite dans la rue hors de la zone sous douane et que tous les bureaux sont fermés ainsi que le portail extérieur du port. Nous rétorquons « bandits doublés de voleurs »! Nous n’avons d’autre choix que de repartir sans nos documents et sans le récépissé.

15.00 H
Les appels se bousculent sur nos deux cellulaires enfin restitués ; des voix amies nous rassurent et nous restituent notre humanité, pour un long moment éprouvée par ce déni de droit; cette solidarité nous réchauffe le cœur ;
Tunis nous réapparaît belle grâce à ces femmes et ces hommes qui continuent de porter le flambeau de la liberté contre le despotisme et qui sont l’honneur de ce pays ;
Ils ne réussiront pas à souiller notre pays pour longtemps encore !
 
(Source : « Kalima » (Mensuel électronique censuré en Tunisie), N° 63 – Mai 2008)
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19 mai 2008 1 19 /05 /mai /2008 23:23
Fédération des Tunisiens Citoyens des deux Rives (FTCR) 
Vidéo FTCR :  A la mémoire de Hakim....


http://www.citoyensdesdeuxrives.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=289:video-justice-pour-hakim-tue-par-la-police-a-grasse&Itemid=46                                                                                                                                                      
                                                                              

Justice pour Hakim         
 
                           
Une délégation de la FTCR s'est rendu
 
 
e à GRASSE, lieu de décès d’un jeune tunisien de 22 ans, Abdelhakim AJIMI, pour exprimer ses condoléances et celles de ses membres à la famille.
Cette visite constitue à la fois une preuve de solidarité et de soutien à la famille dans ces moments difficiles. Par cette visite, nous voulons aussi dénoncer le climat xénophobe et raciste ainsi que les pratiques scandaleuses d'une partie de la police à l’égard des populations étrangères, des jeunes en particulier, qui règnent à Grasse .
La population de Grasse a exprimé son soutien le plus fervent à la famille en organisant une manifestation silencieuse à la mémoire de la victime. Des réunions ont également été organisé pour prendre les mesures adéquates et nécessaires suite à ce drame.
La FTCR s’est jointe à ces manifestations pour apporter son soutien à la famille et s’est engagée pleinement dans la recherche de la vérité sur les circonstances de la mort de Hakim*.
Le bureau fédéral de la FTCR a décidé, dans sa réunion du 17/05/2008, que notre association se porte partie civile dans cette affaire à l'appui des démarches engagées par la famille de la victime.
Les résultats de l'autopsie communiqués par les médias ont confirmé la mort, par étouffement, du jeune Hakim. Une information judiciaire est ouverte contre X. Nous venons d'apprendre également que les policiers impliqués dans cette affaire ne sont toujours pas inquiétés ni même suspendus de l'exercice de leur fonction sur Grasse.
Nous appelons toutes les forces politiques et sociales, tous les démocrates à soutenir le combat de cette famille, qui agit avec beaucoup de dignité et de responsabilité pour que l’enquête soit menée jusqu’à son terme et que justice soit rendue.
Paris le 18 Mai 2008
Pour le Bureau
Mouhieddine CHERBIB

* Vidéo :  le film enregistré et présenté sur notre site www.ftcr.eu (voir ci-dessous) retrace la réunion organisée à Grasse sur cet événement.
Des membres de la famille, des proches et des membres de la FTCR ont exprimé leurs sentiments ainsi que leur détermination à connaître la vérité  :                                                                           
http://www.citoyensdesdeuxrives.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=289:video-justice-pour-hakim-tue-par-la-police-a-grasse&Itemid=46
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19 mai 2008 1 19 /05 /mai /2008 23:20
أيها المُهَجَّرون التونسيون اتحدوا
من أجل فرض حق العودة الى البلاد

 
 

عماد الدائمي وسليم بن حميدان
 
يعيش مئات المهجرين التونسيين في المنافي منذ ما يناهز السبعة عشر عاما للكثير منهم وما يفوق ربع قرن كامل لآخرين.
 
محنة طويلة وقاسية اضطرتهم لها محاكمات سياسية صورية وملاحقات أمنية ومضايقات طالت الأهل والأصدقاء في خرق فاضح لدستور البلاد (الفصل 11) وللمواثيق الدولية التي تجرم تغريب الدولة لمواطنيها أو منعهم من العودة إليه.
 
لن نتحدث في هذا النداء عن كارثة الاستبداد التي ابتليت بها بلادنا ولا عن المظالم التي سلطها على عموم أفراد الشعب، تكميما للأفواه وانتهاكا للأعراض وتضييقا للأرزاق ومصادرة للأملاك، فذلك أمر مفروغ منه لا يجادل فيه وطني صادق، ثم إن المجال لا يتسع إليه هنا.
 
ما أردنا التنبيه إليه هو مسؤولية المهجرين أنفسهم عن طول محنتهم وعجزهم عن تحويلها قضية حقوقية وسياسية وطنية تزيد في فضح ممارسات النظام وادعاءاته الكاذبة في مجال الحريات واحترام حقوق الإنسان.
 
سياسة مقصودة أم قعود آثم، احتمالان اثنان لا ثالث لهما.
 
بعض المهجرين يعتبر قضية التهجير ثانوية مقارنة بقضية المساجين وأنه ينبغي التركيز إعلاميا على هذه الأخيرة وعدم التشويش عليها بملفات أخرى.
   
كلمة حق أريد بها تبرير عجز. صحيح أن قضية المساجين السياسيين ذات أهمية قصوى وهي تستوجب تضافر الجهود السياسية والإعلامية من أجل التعريف بها في جميع المحافل المحلية والدولية.
 
ولكن الصحيح أيضا هو التفاف المعارضة التونسية بجميع أطيافها حول مطلب تسريحهم. بل إن تخصص بعض الجمعيات، مثل الجمعية الدولية لمساندة المساجين السياسيين وجمعية حرية وإنصاف والمجلس الوطني للحريات وجمعية العمل والحقيقة وجمعية التضامن التونسي بباريس وجمعية مناهضة التعذيب وجمعية صوت حر وغيرها من الجمعيات والهيئات، كاف في نظرنا للدفاع عنهم والتعريف بقضيتهم.
 
في المقابل، ظلت قضية المهجرين نسيا منسيا رغم الارتباط التاريخي والسياسي بين القضيتين. فكلاهما من كوارث الاستبداد وجهان لعملة واحدة: سجن هنا وتهجير هناك.
 
إن إغفال قضية المهجرين أو تأجيلها في ساحة الحراك الحقوقي والسياسي لن يخدم قضية المساجين بقدر ما يخدم الاستبداد.
فهو يحرم المعارضة الوطنية من ملف حقوقي وسياسي محرج للاستبداد ومن جبهة ضغط قوية باعتبار مساحات الحرية التي تتوفر لها على الصعيد الإعلامي.
 
كما أن الصمت عليها يوفر للاستبداد فرصة ثمينة للاختراق وتفتيت جبهة الصمود عبر ابتزاز بعض المناضلين وتحييد آخرين مقابل عودة آمنة أو جوازات غير صالحة للاستعمال بمفعول الغدر المتوقع.
 
إن صمت المهجرين عن حقهم في العودة الكريمة والمسؤولة يدعم الفرضية القائلة باستحسانهم حياة الرغد والرفاهية التي توفرها الدول الأوروبية وتحولهم من أصحاب قضية إلى كائنات استهلاكية.
 
ثم إن صمتهم سيطيل في آماد محنتهم لأن صاحب الحق أولى بالدفاع عن حقه. وإن كان للسجين عذر في سجنه فليس للمهجر عذر في صمته.
 
ليس أمام المهجرين إذن إلا خيار واحد : الاتحاد والنضال من أجل افتكاك حقهم في العودة الآمنة والتنقل الحر.
 
أما استمرار الصمت فلن يؤدي إلا إلى سقوط الحق بالتقادم أو الانتقال به، في أفضل الأحوال، إلى السجل الذهبي للذاكرة الوطنية.
   
 
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19 mai 2008 1 19 /05 /mai /2008 23:19
7000 يهودي «يحجّون» إلى جربة التونسية هذا العام
 
 
تونس - محمد الحمروني 
أعلن بيريز الطرابلسي رئيس الطائفة اليهودية في جزيرة «جربة» التونسية أن موعد الحج إلى الكنيس اليهودي بالغريبة سيكون يومي 22 و23 مايو الجاري هذه السنة. وشدد بيريز على أن عدد الحجيج الإسرائيليين سيبلغ هذا العام نحو 1500، إلى جانب آلاف اليهود الآخرين الذين سيأتون من مختلف أنحاء العالم.
وينتظر أن تستقبل «جربة» نحو 7 آلاف يهودي من كل من ألمانيا وفرنسا وإيطاليا وإسرائيل، بزيادة تقدر بـ %40 عن السنة الماضية. وأعرب رئيس الطائفة اليهودية عن أسفه لغياب «ربط جوي مباشر بين «جربة» وإسرائيل».
وأضاف: «لو كان هناك ربط جوي مباشر لارتفع عدد الحجاج الإسرائيليين إلى 20 ألفا في السنة» لأن اليهود الإسرائيليين مجبرون على السفر لتونس عبر دول أوروبية كما قال.
ورفضت تونس إقامة علاقات دبلوماسية مع إسرائيل رغم وجود مكتب للمثلية الإسرائيلية في تونس. كما رفضت دعوة وزير الخارجية الإسرائيلي السابق سيلفان شالوم لإقامة علاقات دبلوماسية وهي الدعوة التي أطلقها خلال مشاركته سنة 2005 في القمة العالمية لمجتمع المعلومات التي نظمتها الأمم المتحدة في تونس. ويعتبر اليهود كنيس الغريبة أقدم معبد لهم خارج القدس.
ويعيش في تونس أكثر من ألفي يهودي في سلام تام مع جيرانهم المسلمين، ويقيم غالبيتهم في جزيرة «جربة» فيما ظلت أعداد منهم في العاصمة وتقيم بالأحياء التي عرفت تقليديا بأنها يهودية مثل «لافيات» و «حلق الواد»، وكان أعدادهم قبل الاستقلال تقدر بعشرات الآلاف هاجر معظمهم إلى فرنسا.
ويتوفر اليهود على مدارس خاصة بهم في «جربة» حيث يعلمون أطفالهم تعاليم الدين اليهودي.
وتتخذ السلطات التونسية احتياطات أمنية مشددة للغاية منذ الهجوم الذي استهدف الكنيس سنة 2002 وأسفر عن مقتل 21 سائحا أغلبهم من الألمان وأعلن تنظيم القاعدة حينها عن تبنيه للهجوم.


(المصدر: صحيفة "العرب" (يومية – قطر) الصادرة يوم 18 ماي 2008)
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19 mai 2008 1 19 /05 /mai /2008 23:18
جمعية حقوقية في تونس تنتقد سياسة التمييز في معاملة المساجين السياسيين في البلاد
 
 

تونس - خدمة قدس برس
اعتبرت جمعية حقوقية متخصصة في تونس، أن السلطات الأمنية هناك، تميز بشكل كبير بين سجناء الرأي والسجناء الجنائيين، مشيرا إلى أن السجناء الجنائيين يحضون بعاملة أفضل بكثير من المعاملة التي يتلقاها سجناء الرأي.
وانتقدت "الجمعية الدولية لمساندة المساجين السياسيين"، ما وصفته بسياسة المكيالين في معاملة السجناء بما يجعل المحكوم بالسجن من أجل جريمة قتل أو اغتصاب أو فساد مالي في وضعية أفضل من سجين الرأي. وذكّرت الجمعية في بيان تلقت "قدس برس" نسخة منه اليوم السبت (17/5) السلطات المعنية بأنها ملزمة بحكم القانون والدستور والمواثيق الدولية بعدم التمييز بين المواطنين على أساس معتقداتهم أو آرائهم السياسية.
ويأتي هذا البيان، ردّا على ما أعلن عبر وسائل الإعلام التونسية منذ أيام، من أنّ إدارة الرعاية التابعة لإدارة للسجون ساعدت على توفير الإحاطة الاجتماعية للمساجين والحفاظ على الروابط الأسرية مع عائلاتهم بتوفير الظروف الملائمة لتأمين زيارة العائلات لأبنائها المساجين دون حواجز. وذكرت في هذا الصدد بعض حالات تدخل الإدارة وصلت حد نقل سجين إلى مقر سكنى عائلته التي انقطعت عنه، إضافة إلى نقل عائلات لزيارة أبنائها.
غير أنّ الجمعية الدولية لمساندة المساجين السياسيين نبّهت إلى أنّ حق الزيارة المباشرة، المضمون بقانون السجون ظلّ طيلة عشرية التسعينات حكرا على مساجين الحق العام، فيما يتم إخضاع المساجين السياسيين إلى شتى أنواع المضايقات بما يفرض على عائلاتهم التوجه للزيارة ولتسليم الملابس و"قفة الطعام" في مناسبات مختلفة.
ونبّهت الجمعية إلى أنّ إدارات السجون عمدت في الأشهر الأخيرة، وخاصة في سجني المرناقية وبرج العامري بضاحية تونس الغربية، إلى مواجهة العائلات بمماطلة جعلت من التراخيص القضائية والإدارية بمثابة ما وصفته بأنّه "عملة غير قابلة للصرف".
وكشفت الجمعية أنّ السجناء الإسلاميين المنتمين لحركة النهضة يصنّفون تمييزيا دون سند قانوني ضمن فئة (الصبغة الخاصة) في حين يصنّف الشبان المشتبه في انتمائهم إلى التيار السلفي ضمن تصنيف خاص، يحرمهم الكثير من حقوقهم كسجناء.
وأكّدت الجمعية أن المطلب الرئيسي يبقى إعلان العفو التشريعي العام، وإفراغ السجون من جميع مساجين الرأي والمساجين السياسيين وإلغاء قانون مكافحة الإرهاب الذي تعتبره لا دستوريا.
من جهة أخرى أفادت مصادر من وزارة التربية أنّ خمسة سجناء سيمكّنون هذا العام من اجتياز امتحان الباكالوريا (الثانوية العامة) في قاعات مخصصة داخل السجون التي يقيمون فيها.
وتؤكّد مصادر حقوقية نقلا عن مساجين سياسيين أنّهم حرموا من مواصلة دراستهم من داخل السجون منذ بداية التسعينات حتى اليوم، فضلا عن حرمانهم من المراجع المدرسية والكتب الفكرية والثقافية. واقتصر الحق في مواصلة الدراسة واجتياز الامتحانات على التلاميذ والطلبة الذين تورطوا في قضايا المخدرات.
 
(المصدر: وكالة قدس برس انترناشيونال بتاريخ 18 ماي 2008)
 
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